Retour sur le geste technique du Brésilien Ceará face à Caen.
1er
décembre 2007, 75e minute du match PSG-Caen. Marcos Venâncio de
Albuquerque Ceará improvise un dribble défensif face au caennais Nicolas
Florentin. Son extérieur du pied se scotche contre le ballon et le
joueur réalise presque sans élan un soleil parfait dans la nuit
parisienne. Sans même prendre le temps d'admirer la figure, l'attaquant
adverse récupère le cuir et s'en va crucifier Landreau, enfonçant par
là-même le club de la capitale dans la zone de relégation.
Ne
nous y trompons pas, il s'agit ici d'un geste fondateur. Bien sûr, on
savait déjà les footballeurs brésiliens artistes, mais ici... "La Ceará"
élève la "toile" au rang de spectacle vivant aux dimensions inédites.
Bien sûr, le basculement improbable d'un sangerminois hirsute évoque
l'envolée mythique de Charles-Edouard Coridon face à Porto (le but
é-talon d'un grand dadais coiffé à l'électricité statique), mais ici...
Ce happening hors norme devant quarante mille témoins ébahis relève de
la performance gratuite, du don total, encore plus abouti que le but
contre le camp.
La figure invite à la réflexion, à la poursuite
du mouvement. Si l'on peut regretter que Florentin n'ait pas fait
fructifier l'offrande par l'équivalent footballistique du dunk
ennebiéen, son but ouvre et clôt le score d'un match par ailleurs
insipide, le contractant aussitôt à ce moment de grâce, à ce fait de jeu
génial ou le tragique fusionne avec le comique, où tout ce qui fait la
magie du club parisien rejaillit comme dans le bouquet final d'un
magistral spectacle pyrotechnique.
Brusquement, tout devient
secondaire. Plus question de se retourner contre le calendrier, la
chance de l'adversaire, la météo, la complaisance de l'arbitre, la
compétence de l'entraîneur, la faiblesse du président, l'impatience des
supporters... non, ici, l'art parle de lui-même, le Paris Saint Germain
accède à une nouvelle dimension au-delà du bien et du mal, et le soleil
de Ceará bouleverse tout ce que l'on savait du cosmos (au sens fort,
bien au-delà du Bronx) et des trous noirs (au sens fort, bien au-delà de
la crisounette annuelle du club).
Le PSG nouveau n'a plus de stars ; il a une supernova.
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Original: Rayon de soleil (20071212)
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20181128
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